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Une critique du livre dimension infini par Muréliane, Les Chroniques de l’Imaginaire

Cette anthologie regroupe les textes qui ont obtenu le Prix Infini, depuis sa création en 1993, jusqu’à l’année 2018, sachant qu’entre-temps il avait changé de nom pour devenir le Prix Alain le Bussy. C’est l’histoire de ce prix qui fait l’objet de l’introduction de Pierre Gévart, qui introduit également la plupart des nouvelles présentées ici.

Certains thèmes apparaissent plusieurs fois, et, à l’heure actuelle, ne sont plus totalement de la SF : celui des objets connectés, par exemple (dans Les disparus de Léthé, de Georges Flipo), ou de la menace sur la privacy (la même, et Les octets de ma vie, d’Eric Nieudan).

Le cas de Vitrine, ma belle vitrine, de Nathalie Williams, est particulier en ce qu’il annonce certes des écrans que nous pourrions bien voir apparaître prochainement, mais qu’il m’a paru surtout un clin d’oeil aux miroirs célèbres de la littérature (celui du Risèd non le moindre, s’il est le plus récent), et qu’il illustre parfaitement les mécanismes de l’addiction. C’est sûrement l’un de mes préférés.

Bien sûr, on visite aussi les grands thèmes de la SF, ou ses différents sous-genres. La rencontre avec les extra-terrestres, très originale et parfaitement crédible et glaçante dans ses conséquences, dans Le Roi des Abeilles, d’Yves Boucaud-Maïtre, et pleine de grâce et d’humour dans Service public, d’Eric Morlevat, cependant que Mona et le Nouveau Monde, de Manuel le Gourrierec m’a évoqué certains passages de Le Guin(dans Planète d’exil) ou Herbert (Semence, par exemple).

Un autre grand thème, celui de l’immortalité, est traité de façon intéressante dans Où es-tu ? d’Amandine Millot, en rappelant que tout le monde n’en rêve pas, en fait. Pour celui des robots et autres IA, je retiendrai, outre Les disparus de Léthé, déjà cité, Blue binary bluff, d’Antoine Vanhel, même si Quand les dieux mènent boire leurs chevaux, de Jonas Lenn, ne manque certes pas d’humour.

De façon bienvenue dans le paysage littéraire actuel, si on considère les sous-genre de la SF, le post-apocalyptique ne se taille pas ici la part du lion, même s’il est bien sûr représenté, et fort joliment notamment dans Etat des lieux, de Philippe Guillaut, que j’ai bien aimé, et de façon plus allusive et onirique dans La mer à Ostende, de Serge Delsemme.

C’est l’anthologiste lui-même qui illustre l’uchronie, avec Comment les choses se sont vraiment passées, qui raconte une histoire alternative où l’archiduc François-Ferdinand n’a pas été assassiné, où les Juifs sont massacrés, et qu’il faut donc impérativement changer…

Je n’ai pas été fan de tous les textes, mais il y en a que j’ai vraiment beaucoup aimés, et j’ai trouvé intéressant de découvrir des plumes dont je n’avais jamais entendu parler, ou d’en retrouver d’autres que je connaissais déjà. Je ne doute pas que tout amateur de SF trouvera son propre bonheur, et fera sa propre sélection dans les textes présentés ici, ce recueil est bien assez riche pour cela.

Mureliane, le 09/04/2020 16:56

http://www.climaginaire.com/#/DetailChro/51791